C’est une petite histoire qui fait peur,
Une histoire à trois voix, comme une partita,
L’une monte, l’autre descend et la troisième s’en va.
Sac d’ombre, nid de vipère et dent de louve,
Lune sombre, lui espère, sang dessus dessous,
Langue de bois, tartine au thon et vieilles rancœurs.
C’est une petite histoire à trois têtes et la dernière s’en va,
L’une parle, l’autre remue, tralalère et troundeleur,
C’est la nuit dans les bois, c’est la fin du monde, voilà.
Crampe et ses vieux souvenirs, patte folle et souffle au cœur,
Parmi vapeurs d’éther et pavé qui vole, pas le temps de dire ouf,
C’est le petit théâtre de la résistance au grand méchant gouffre.
UNE CRÉATION 2026
LES RÉMOULEURS & LA SCÉLÉRATE ASSOCIÉES
Un spectacle à trois voix, quatre mains, et parole retrouvée.
Un petit théâtre du talion à l’italienne monstrueuse.
Pour ombres bizarres, humains acides et marionnettes sans fins.
Un spectacle de cave pour grands et petits espaces.
2 personnes en tournée
Résumé
Se sentant devenir un monstre, un physicien fait ses ultimes relevés dans une cabane au fond des bois. Il n’y en a plus pour longtemps du grand monde qui brûle. Et perdu mais encore un peu humain peut-être, ou ce qu’il en reste, si seul et s’effondrant, comme tout autour de lui dans le grand monde qui brûle, il attend la fin des fins. Dans la cabane qui petit à petit s’ensevelie, il tient bon, et continue vaille que vaille son cortège de petites habitudes ineptes, de petites manières grandioses, de gros comptes à rendre et d’entorses petitement coupables. Mais au fond de la nuit, de la folie, les rêves reviennent.
Et si tout doit s’effondrer, que ce soit à fleur de peau, avec la peur, avec la rage, avec la joie, immenses. Et tout ça n’aura pas servi à rien, c’est Crampe qui vous le dit.
Intention de mise en scène
Dans un décor d’intérieur en voie d’extinction, entre la tente de bord
d’autoroute attendant l’ultime délogement, l’intérieur de bateau aux mécanismes incompréhensibles, et la caravane où tout semble pourtant avoir une place extrêmement précise, l’espace restreint oblige à d’infinies contorsions. Une chorégraphie du geste habituel se déploie alors, absurde et magnifique face au chaos. Sacre du fonctionnel ou du sacrément inutile, rituel brisé par la survenue de ce qui fait la vie: l’inattendu. Et dans le bois des meubles le temps et l’usage creusent les sillons du quotidien avant la fin du monde.
Nous chercherons à travers l’expérimentation du dernier jour supposé d’un être humain, visiblement seul depuis longtemps et tâchant de se maintenir à fleur d’humanité, comment dans un monde que l’on suppose dévasté et proche de l’implosion (mais dont en réalité on ne sait rien, laissant au spectateur le choix de décider si tout cela est vrai), comment la routine peut faire “œuvre” poétique, ultime rempart face au désœuvrement, au désemparement, à l’inhumain. Ce que la poésie et la science nous offre encore de soutiens comme de gouffres, de l’infiniment banal au geste créateur.
Par un travail sur la torsion du langage solitaire (la répétition d’un texte de Hamlet depuis longtemps en friche et devenant jungle gromloïque), du geste trop souvent effectué qui se mue en danse, et de l’image immanquablement nostalgique que l’on se fait de la société précédente, l’histoire de ce physicien fou – que l’on nommera Crampe – parle de toutes les histoires, comme toutes les histoires, de la peur de n’être plus. Mais nous en parlerons ici avec amour. Et afin de développer une intimité à fleur de peur et d’amour entre spectateurs, manipulants et personnage,
ce spectacle a été pensé pour être joué à petites jauges (100 spectateurs max.), en lieux intimistes à bonne accoustique. Les lieux de fins du monde.
À la croisée des univers de Volodine (Des Anges Mineurs), Beckett (Fin de Partie), Svankmajer ou encore les Frères Quay, nous souhaitons développer une réflexion sur ce qui nous tient, malgré tout, en état d’éveil et de curiosité.
Techniques Utilisées
Pour écrire la trace du ballet de la vie indéfiniment réitérée – au-delà du travail scénographique auquel nous donnons une importance première, dans une esthétique générale alliant steam punk post-apocalyptique effronté et tentatives ratées de design feng-shui contemporain – nous ferons appel aux techniques de théâtre d’objet, nous jouant par exemple des codes de l’addiction aux jeux d’argent, de
nos rapports aux écrans, ou la collection sentimentale et frénétique de résidus bizarroïdes de notre époque portés au rang d’idoles.
Nous nous inspirerons également du théâtre d’ombre indonésien, le Wayang Kulit, pour donner à Crampe une vie onirique. Mais ce dernier sera incarné par une marionnette portée, par un.e ou deux manipulant.es, selon ses états d’esprits (les manipulant.es étant à vue, leur présence sera significatrice et le lien avec la marionnette, symbolique).
Le travail d’observation et d’expérimentation scientifique sur le déclin auquel il s’adonne se fera sur les machines optiques d’Olivier Vallet. Marionnettes d’ombres et de lumières, fabriquées à partir de techniques exclusivement low-techs, ces dernières répondent entièrement aux injonctions d’un monde où l’ensemble de nos tehnologies actuelles s’est effondré.
Enfin, le travail de la bande sonore se fera exclusivement de manière intra- diégétique (intégrée à la trame narrative), en direct, grâce à des objets sonores dessinés par Benjamin Colin, afin de créer le monde sonore et musical de Crampe, un monde très étrange, très sensible, très proche.